Stéphane Le Foll, Ministre de l'agriculture a présenté le 30 janvier 2015 le deuxième Plan Ecophyto.

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Pour rappel, le premier Plan Ecophyto, initié en 2008 lors du Grenelle de l'environnement, avait pour objectif de réduire de 50% l'usage des pesticides d'ici 2018. Objectif aujourd'hui abandonné au vu de l'échec de l'application de ce plan n'ayant qu'entrainer une hausse de l'usage des pesticides.

Plan Ecophyto 2

Le 30 janvier 2015, Stéphane Le Foll, Ministre de l'agriculture a présenté le deuxième Plan Ecophyto. Le Ministre maintient l'objectif d'une réduction des pesticides de 50% en France mais reporte l'échéance de 2018 à 2025 avec un pallier intermédiaire de 25% en 2020.

La LPO apprécie le langage de vérité qui conduit Stéphane Le Foll à reconnaître par-delà l'échec du Plan Ecophyto l'aggravation de la situation mais déplore un manque d'exigence en matière de santé publique et environnementale en repoussant l'échéance de 7 ans alors que les impacts de l'usage des pesticides ne sont plus à démontrer.

Et pour cause : un récent rapport réalisé sous l'égide de l'UICN, montre que les invertébrés des sols et des milieux aquatiques payent un tribut supérieur à celui des pollinisateurs à l'usage croissant des insecticides systémiques. Les oiseaux « insectivores » pâtissent ainsi de l'effondrement des populations d'invertébrés, comme les granivores de l'usage massif des herbicides. Par ailleurs un récent rapport scientifique montre que la population de 144 espèces d'oiseaux, sur les 520 répertoriées en Europe, a parallèlement régressé de 421 millions d'individus sur les 2 milliards recensés 30 ans plus tôt.

Aussi la LPO constate que l'effondrement, invisible mais patent, des invertébrés, met en danger les « services » produits par la biodiversité des écosystèmes. Par exemple, la biodiversité des sols remplit de multiples services « gratuits » et indispensables :

  • La décomposition de la matière organique et des matières fécales ;
  • La constitution des « agrégats » produisant la stabilité structurale de sols ;
  • La séquestration du carbone dans les sols ;
  • Le recyclage des éléments nutritifs au profit des plantes ;
  • L'hygiénisation de l'eau et de la recharge des nappes ;
  • L'origine des réseaux trophiques.

La LPO est donc très inquiète de voir, après 8 années d'immobilisme, l'objectif de réduction de 50% repoussé de 7 ans. La nature n'attend pas. L'effondrement de la biodiversité et de ses services est en marche. Il est plus que temps de faire prévaloir les intérêts de l'environnement, dont notre alimentation, notre santé et l'avenir de nos enfants dépendent entièrement sur les intérêts économiques.