Une fois de plus, la LPO s’insurge contre la perpétuation de ces pratiques moyenâgeuses, non sélectives et cruelles envers la faune sauvage.

En plus d’être cruels, les pièges utilisés sont non-sélectifs, Fauvette babillarde (Sylvia curruca) espèce protégée – Crédit photo : CABSEn plus d’être cruels, les pièges utilisés sont non-sélectifs, Fauvette babillarde (Sylvia curruca) espèce protégée – Crédit photo : CABS

Onze arrêtés ministériels fixant les quotas de chasses traditionnelles (glu, matoles, tenderies) dans plusieurs départements français viennent d’être publiés au Journal Officiel le 3 septembre par Elisabeth Borne. Sous couvert de traditions, ils autorisent pour la campagne de chasse 2019-2020 la capture dans des conditions révoltantes de plus de 150 000 oiseaux sauvages, un chiffre supérieur aux prises de l’an dernier.

Ainsi, 42 500 grives et Merles noirs pourront être piégés à l’aide de gluaux, fins bâtons enduits de glu placés en haut des arbres, dans 5 départements de la région PACA (Alpes Maritimes et de Haute Provence, Vaucluse, Var, Bouches-du-Rhône) ; 106 500 Alouettes des champs pourront être attrapées à l’aide de pantes (grands filets horizontaux) ou de matoles (petites cages tombantes) dans les Landesla Gironde, le Lot et Garonne et les Pyrénées-Atlantiques ; 5 800 Grives et merles noirs, 1 200 Vanneaux huppés et 30 Pluviers Dorés pourront être capturés au moyen de filets ou de collets par les adeptes de la tenderie dans les Ardennes. A noter que d’autres espèces non autorisées deviennent souvent les victimes de ces modes de chasse peu sélectifs, tel un Faucon crécerelle tué par un piège à la glu dans le Var.

A l’heure où la biodiversité s’effondre dans nos campagnes (l’Alouette des champs a perdu 30% de ses effectifs en 15 ans), ces décisions sont particulièrement consternantes et confirment à nouveau l’influence des chasseurs sur la politique gouvernementale alors qu’une large majorité de citoyens français avait pourtant fait part de son indignation lors des consultations publiques préalables à la publication de ces arrêtés. Le 20 août dernier, Elisabeth Borne avait d’ailleurs reçu le président de la fédération nationale des chasseurs Willy Schraen et son acolyte Thierry Coste qui s’étaient réjouis en sortant d’avoir sauvé les chasses traditionnelles.

Ces derniers arrêtés font en outre suite à deux autres pris par la Ministre au cours de l’été permettant l’abattage de 6 000 Courlis cendré puis de 18 000 Tourterelles des bois, deux espèces menacées. Le premier a été suspendu par le Conseil d’Etat suite à un recours de la LPO, les démarches sont en cours pour le second, et nous nous préparons désormais à attaquer ceux-ci. Le 25 juillet dernier, la Commission européenne a également mis en demeure la France pour manquement à ses obligations de protection des espèces menacées, ciblant notamment leur piégeage indifférencié sous prétexte de traditions ; en vain donc.

Pour Allain Bougrain Dubourg, président de la LPO : « Emmanuel Macron ne cesse d’annoncer un changement. Nous avons certes vu des changements de ministres de l’écologie, trois en deux ans ; mais nous attendons toujours un changement de politique en faveur de la biodiversité. Pendant ce temps là, des centaines de milliers d’oiseaux continuent d’être englués, étranglés et emprisonnés en France avec la complicité de l’Etat ».