Le mois de mars s’accompagne de la reprise du suivi de la migration prénuptiale des oiseaux migrateurs. Chaque année, ces observations attirent un nombre croissant d’adeptes. Pour preuve : la base de données www.migraction.net, mise en ligne en janvier 2008, vient de dépasser les 100 millions d’oiseaux décomptés sur 80 sites! Dans le cadre de l’opération européenne « Spring Alive », les enfants sont également invités à enregistrer le retour de migration de nos amis ailés sur www.springalive.net.

100 millions, ce nombre, à la fois symbolique et impressionnant, correspond à 200 000 heures de suivi sur le terrain, soit pas moins de 22 ans et 10 mois, 24 heures sur 24 ! Cette base résulte d’un travail collaboratif, associant professionnels et bénévoles. Elle fait donc figure d’exemple en terme de science participative (*).

Ouverte à tous, elle a pour objectif de partager les passions, mutualiser les savoirs, diffuser les connaissances sur la migration, et de mobiliser l’énergie de chacun afin de garantir l'avenir des oiseaux migrateurs et des espaces dont ils dépendent.

L’étude de la migration apporte, en effet, des renseignements précieux aux sciences de la nature et du climat (phénologie). Les suivis réalisés révèlent déjà des modifications dans les périodes de migration de certaines espèces, en raison notamment du réchauffement climatique. Ces changements pourraient s'accentuer fortement dans l'avenir.

Cette base de données a été mise en place par la Mission migration, née en 2006 de la volonté de plusieurs associations (la LPO, Organbidexka Col Libre, le Centre ornithologique Rhône-Alpes, le Groupe ornithologique normand, le Groupe ornithologique corse, la Maison de l’Estuaire, le Clipon et Picardie Nature).

Le grand public est convié à un tour de France des sites de migration, parmi lesquels, le Cap Gris-Nez (Pas-de-Calais), la baie de Somme, la Pointe de l’Aiguillon (Vendée), le Col d’Organbidexka (Pyrénées-Atlantiques)… Grâce à sa géographie et son climat variés, notre territoire reste, en effet, une étape cruciale pour des millions d’oiseaux migrateurs.

Il faut pourtant attendre le 19ème siècle pour voir apparaître les premiers suivis migratoires et le 20ème siècle pour la mise au point de techniques de comptage. Parmi les pionniers, citons l’ornithologue allemand Heinrich Gätke (1814-1897) qui a observé la migration des oiseaux à Helgoland pendant 60 ans, puis l’instituteur danois Hans Christian Mortensen (1856-1921), qui a inventé le baguage en 1899.
Les données les plus anciennes enregistrées remontent à 1966 au Défilé de l’Ecluse (Haute-Savoie). Les premiers suivis systématiques saisis sur migraction.net ont été réalisés en1981 au col d’Organbidexka.

Depuis des siècles, la migration des oiseaux reste une source de fascination pour l’homme. Elle a longtemps suscité de nombreuses croyances et rythmé notre calendrier de vie.

Aujourd’hui, la base de données www.migraction.net représente une occasion unique de découvrir ce phénomène fascinant tout en mutualisant des connaissances afin d’aider les oiseaux migrateurs à effectuer sans encombre leur incroyable voyage.

Allain Bougrain Dubourg
Président de la LPO

(*) Migraction.net participe a plusieurs projets scientifiques : l’Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique, les Partenariats Institutions Citoyens Région Île-de-France, post-doc Muséum National d’Histoire Naturelle / LPO Aquitaine et d’autres à venir.


Principaux sites français de migration et espèces d’oiseaux observées

Rappelons tout d’abord que la migration est définie comme « l’ensemble des déplacements périodiques intervenant au cours du cycle, le plus souvent annuel, d’un animal, entre une aire de reproduction et une aire où il séjourne un temps plus ou moins long, en dehors de la période de reproduction » (Jean Dorst, auteur de « Migrations des oiseaux », 1956).
Historiquement, le premier site français de suivi d’observation de la migration est Ouessant (Finistère, 1950), suivi par les cols du Cou et de Bretolet (Haute-Savoie / Valais, 1951) et du Cap Gris-Nez (1956). D’autres suivis se sont ensuite organisés en réaction aux abus de la chasse : Bonifaciu (Corse-du-Sud, printemps 1979) puis Organbidexka, contre les tirs intempestifs des migrateurs en automne, notamment les pigeons. Prat de Bouc (Cantal), le Cap Corse (Haute-Corse, automne 1979) et Leucate (Aude, printemps 1980) ont ensuite été mis sur pied pour lutter contre les tirs de bondrées en migration prénuptiale.
Sur 477 espèces répertoriées, les plus fréquemment observées sont : les pigeons indéterminés (27,6%), les Pinsons des arbres (21,1%), les Pigeons ramiers (10,7%) et les Etourneaux sansonnets (4,2%).

Avec Spring Alive, les enfants fêtent le retour du printemps !
Sur www.springalive.net, les enfants de 8 à 12 ans sont invités à fêter l’arrivée du printemps, en enregistrant le retour en Europe de cinq oiseaux migrateurs : l’hirondelle rustique, la cigogne blanche, le coucou gris, le martinet noir, et depuis cette année, le guêpier d’Europe. Depuis 2006, la LPO relaie en France cette opération intitulée « Spring Alive » (printemps vivant), organisée par BirdLife International dans 32 pays européens et en Afrique. Objectif : permettre aux enfants de mieux connaître ces espèces communes en Europe, mais malgré tout menacées, et participer à leur protection.

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01 42 73 56 10 / 06 34 12 50 69
Gunter de Smet
Mission migration

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