Alors que l’Auvergne concentre, cet hiver, un effectif exceptionnel de milans royaux, venus de toute l’Europe, des cadavres continuent d’être découverts sur des communes qui pratiquent des campagnes de traitements à la bromadiolone. La LPO demande à l’Etat et à ses services déconcentrés d’assumer leurs responsabilités et de prendre des mesures urgentes pour que l’hécatombe, constatée en 2011, ne se reproduise pas en 2012.
Début janvier, trois nouveaux cadavres ont encore été découverts sur deux communes du Puy-de-Dôme où des traitements à la bromadiolone ont été autorisés par voie préfectorale. Ces nouveaux cas portent à 44 (dont 28 milans royaux et 16 buses variables) le nombre de rapaces découverts morts, depuis trois mois, victimes d’empoisonnement par ce puissant toxique. Combien de cadavres gisent encore dans le département ? Combien d’autres auraient succombé si le préfet n’avait pas suspendu, au moins provisoirement, les traitements, à la demande de la LPO ?
Depuis 6 ans, un comptage simultané des dortoirs de milans royaux est organisé en France et en Europe. Cette opération permet de mieux connaître l'aire de répartition de l'espèce en hivernage, de déterminer l'effectif d'hivernants, ainsi que de mesurer les évolutions et variations au cours des années.
Les 7 et 8 janvier derniers, des dizaines de salariés et bénévoles se sont mobilisées pour ce comptage, qui a permis de dénombrer près de 1 500 milans royaux en Auvergne. Cet effectif record n’avait jamais été atteint depuis 2007, où un millier d’individus hivernants avaient été dénombrés. Ces chiffres montrent le lien très étroit existant entre la hausse des populations de campagnols et les effectifs de rapaces, notamment de milans royaux. Ils mettent aussi en évidence le rôle majeur, pour l’hivernage du milan royal, de l’Auvergne, qui abrite près d’un tiers de l’effectif hivernant français.
Les milans royaux qui passent l’hiver en Auvergne viennent aussi bien de France, que d’Allemagne, de Suisse… Un des milans retrouvé empoisonné avait d’ailleurs été bagué en Allemagne. L’Auvergne et la France ont donc une forte responsabilité dans la sauvegarde du milan royal, à l’échelle européenne.
Dans ce contexte, la LPO s’inquiète de l’avenir de ce rapace en France et craint que de nouvelles campagnes de traitements soient organisées en Auvergne dès mars prochain, au moment de l’installation des couples nicheurs. En effet, le préfet a suspendu ces campagnes jusqu’au 29 février prochain seulement et sur 22 communes du Puy-de-Dôme uniquement.
La LPO déplore, en outre, que le retrait du renard et des mustélidés de la liste des nuisibles, pourtant annoncé par voie de presse par le préfet du Puy-de-Dôme, n’ait pas été effectif, aucun arrêté n’ayant été pris en ce sens.
La LPO n’a enfin reçu, à ce jour, aucune information concernant la réunion programmée, au tout début du premier semestre 2012 par le préfet afin d’élaborer une stratégie de lutte efficace et partagée par tous les acteurs (agriculteurs, scientifiques, associations, services de l’Etat) contre le campagnol terrestre.
La LPO demande donc aujourd’hui à l’Etat et à ses services déconcentrés de prendre leurs responsabilités et de mettre en œuvre des mesures urgentes pour assurer la sauvegarde de cette espèce emblématique, dont notre pays abrite la deuxième population mondiale.
Allain Bougrain Dubourg
Président de la LPO
Fiche signalétique
Le milan royal (Milvus milvus) est un rapace diurne de grande taille. D’une longueur de 59 à 66 centimètres pour une envergure de 145 à 165 centimètres, il pèse entre 800 et 1 050 grammes pour les mâles et 950 à 1 300 grammes pour les femelles. Il se reconnaît à sa longue queue rousse triangulaire et profondément échancrée, typique de l’espèce.
Menaces
• La dégradation de son habitat et la disparition de ses proies ;
• Les empoisonnements accidentels et volontaires ;
• La diminution du nombre de décharges (où ce rapace, aux mœurs de charognard, trouve sa nourriture) ;
• Les tirs ;
• Les collisions avec les voitures, les lignes électriques et les éoliennes.
Statuts
Suite à son déclin constaté entre 1990 et 2000, le statut européen du milan royal a évolué depuis 2005 : il figure désormais dans les catégories « en déclin » avec comme critère « déclin modéré et récent ». Inscrite sur la Liste rouge de l’UICN en raison de son endémisme européen, cette espèce est considérée, depuis cette date, comme quasi-menacée. En France, le milan royal figure désormais parmi les espèces vulnérables (liste rouge actualisée en 2008).
Distribution mondiale
La population nicheuse mondiale est exclusivement présente en Europe : l’Allemagne, la France et l’Espagne abritent, à elles trois, environ 72 % de la population mondiale. Si l’on ajoute la Suède, le Royaume-Uni et la Suisse, on obtient pour ces 6 pays environ 93 % de la population mondiale (20 800 à 24 900 couples).
En France, on distingue cinq foyers principaux :
• le Massif central
• l’ensemble du Piémont pyrénéen
• la Chaîne jurassienne
• les plaines du Nord-est
• la Corse.
Plus d’informations sur le site Internet : http://rapaces.lpo.fr/milan-royal
Contacts Claire LUX, attachée de presse LPO 06 34 12 50 69. claire.lux@lpo.fr
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