Des articles récents parus dans les Pyrénées-Atlantiques, en Ariège ou dans les Pyrénées-Catalanes mettent en cause les vautours et les accusent de tuer du bétail vivant.
Et si les conclusions étaient un peu hâtives, et si le sujet des vautours était bien plus complexe que ne le laisse entrevoir un positionnement réducteur anti-vautours ? Dans les Pyrénées, des milliers de carcasses sont éliminés gracieusement des pâturages chaque année par les vautours pour quelques cas suspects en 10 ans d'intervention sur des animaux en difficulté.
Les éleveurs ont recours aux services des vautours
Les vautours éliminent les animaux morts des troupeaux présents en montagne. « Culs de sac épidémiologiques », ils sont des équarrisseurs naturels sûrs et gratuits pour le monde pastoral. C'est pour cela que dans plusieurs dizaines de sites en France (Aveyron, Lozère, Gard, Drome, Aude...), des placettes d'équarrissage naturel sont gérées par des éleveurs. Dans les Pyrénées, depuis des millénaires les éleveurs ont recours aux vautours pour éliminer les animaux morts, toutefois cette année il sera officialisé par les autorités publiques la création de placettes d'équarrissage dans les Pyrénées-Atlantiques. Ce dispositif permet de garantir aux éleveurs un service d'équarrissage gratuit en accord avec le règlement européen du 25 février 2011 et de réduire le coût de la Contribution Volontaire Obligatoire payée par eux pour l'élimination des carcasses par les filières industrielles.
Oui, il existe des interventions de Vautours fauves sur bétail en difficulté.
Des cas existent, ils sont dramatiques pour l'éleveur qui les subit. Ils sont une source d'inquiétude et une perte sèche pour son revenu. A l'échelle des Pyrénées et du cheptel présent sur le massif, ces cas d'interventions restent toutefois des accidents ponctuels liés au statut sanitaire dégradé ou à une situation de faiblesse du bétail (vêlage difficile, bêtes blessées...). Mais il n'y a pas de changement de régime alimentaire ni modification de comportement de cette espèce. Faute d'expertises, ces cas ne peuvent plus être recensés !
Se doter à nouveau d'expertises vétérinaires indépendantes permettant de donner du crédit à la parole des éleveurs :
En pleine polémique anti-vautours, les crédits de l'Etat pour la prise en charge du coût des expertises vétérinaires sur des cadavres d'animaux signalés par des éleveurs ont été stoppés. Ces expertises vétérinaires permettent d'apporter la preuve ou pas d'une intervention ante mortem par les vautours. Ces analyses (150 réalisées entre 2007 et 2009) avaient d'ailleurs disculpé les vautours dans l'extrême majorité des cas. Il est nécessaire de permettre à nouveau le financement de ces expertises.
Engager le débat à l'échelle de toutes les Pyrénées
Il est urgent que les états français et espagnols, les régions françaises et les gouvernements régionaux espagnols prennent des mesures conjointes pour résoudre cette crise. C'est à l'échelle des Pyrénées et de l'Europe que la question se pose et que les solutions devront être trouvées.
Un inventaire exhaustif de la population en cours
En 2007, la population pyrénéenne totale entre la France et l'Espagne était estimée à 5500 couples dont 525 couples dans les Pyrénées françaises. En 2010, La population française était estimée à environ 1000 couples (20% dans les Préalpes, 30% dans les Grands Causses et 50% dans les Pyrénées). Depuis, aucune estimation plus précise n'a été réalisée pour l'ensemble de la population. De manière à connaître précisément les effectifs de l'espèce sur le versant nord des Pyrénées, un inventaire des couples nicheurs est en cours. Il est effectué par les structures partenaires du programme Pyrénées Vivantes animé par la LPO. Les conclusions sur les effectifs et la répartition de l'espèce seront disponibles à l'automne prochain.
Dans nos montagnes, les hommes ont besoin des vautours. L'inverse est également vrai. c'est pourquoi la LPO et ses partenaires souhaitent travailler sereinement aux côtés des éleveurs pour leur apporter des conseils techniques concernant cette population de vautours en complément aux expertises vétérinaires que l'Etat doit soutenir pour permettre de définir la véracité des faits et ainsi rassurer les professionnels de la profession pastorale.
Contact :
Philippe Serre
05 59 21 65 53
philippe.serre@lpo.fr