Le 13 juillet, la Commission européenne et la nouvelle Présidence chypriote de l'Union européenne (UE) organise une conférence pour traiter de la Politique Agricole Commune (PAC).

Traitement d'un champ de céréales - Photo : Yann HermieuTraitement d'un champ de céréales - Photo : Yann HermieuFace aux craintes croissantes à l'égard de cette « réforme verte de la PAC » qui pourrait ne pas tenir ses promesses, une étude scientifique récente montre que 300 millions d'oiseaux communs des milieux agricoles ont disparu depuis 1980. Des résultats qui devraient nous interpeller et nous rappeler ce qui est en jeu.

Le 13 juillet, un important débat de la société civile, organisé par la Commission européenne, devrait permettre de faire le point sur ce qu'attendent les ONG de la nouvelle Politique Agricole Commune, dont la proposition de la Commission est actuellement en discussion au sein du Conseil et du Parlement européen.

L'actuelle PAC encourage des pratiques agricoles qui nuisent à l'environnement, telles que l'intensification des cultures, qui s'accompagne d'une sur-utilisation de produits chimiques et la perte de la diversité des paysages.

Cette politique est donc une des principales causes de destruction de nombreux écosystèmes de milieux agricoles dans toute l'Europe, impactant directement les populations d'oiseaux des espaces agricoles. Selon les données récoltées par BirdLife international et la Conseil européen pour le recensement des oiseaux, le déclin de ces populations se poursuit : 300 millions d'oiseaux ont disparu des milieux agricoles depuis 1980[1].

Or, les oiseaux sont l'un des meilleurs indicateurs disponibles pour mesurer la santé des écosystèmes, et ces nouvelles données montrent que les populations de nombreuses espèces sont à leur plus bas niveau depuis que ce suivi existe [2]. Au-delà des oiseaux, il est également désormais reconnu que la perte de biodiversité affecte directement et indirectement nos vies et nos économies via la perte d'une série de services écosystémiques dont nous dépendons tous.

Aujourd'hui, le verdissement annoncé de la PAC est en train de tourner au greenwashing. Ces nouvelles données devraient nous aider à recentrer le débat sur les priorités : les décideurs doivent avoir la volonté politique d'inverser la tendance pour la biodiversité des milieux agricoles.

La LPO (représentant de BirdLife en France) maintient que ces orientations ne peuvent être modifiées que si le verdissement est appliqué à l'ensemble de la PAC. Cela implique donc de fixer des critères d'éco-conditionnalité au versement de l'ensemble des subventions :

  • les paiements directs devraient être liés à de bonnes pratiques agronomiques
  • les agriculteurs qui vont au-delà des bonnes pratiques de base et mettent en œuvre une gestion spécifique pour améliorer l'environnement devraient être récompensés

De telles réformes devraient permettre de garantir une PAC qui offre une meilleure rentabilité économique, un attrait non négligeable en période de crise financière à l'heure où les citoyens européens attendent que chaque euro soit dépensé à bon escient.

La LPO/BirdLife France espère que cette information va permettre d'aider les décideurs et les parties prenantes à s'engager pour une meilleure PAC. Le débat qui va avoir lieu le 13 juillet devrait favoriser de vrais échanges entre les décideurs et les citoyens européens, pour avancer vers une Politique agricole commune plus durable et garante d'une sécurité alimentaire sur le long-terme, tout en respectant l'environnement.

Contact :

Patrick LADIESSE
Attaché de presse LPO
Tél : 01 42 73 56 10 / 06 34 12 50 69

Informations complémentaires

[1]Le programme paneuropéen de suivi des oiseaux communs (Pan-European Common Bird Monitoring Scheme, PECBMS) est une initiative conjointe du Conseil européen de suivi des oiseaux (European Bird Census Council, EBCC) et de BirdLife International initiée en 2002 et soutenu financièrement par la RSPB/BirdLife Rouyaume-Uni et la Commission européenne.

Le PECBMS a produit de nombreux autres indicateurs supranationaux qui sont disponibles sur :

http://www.ebcc.info/indicators2012.html

http://www.ebcc.info/trends2012.html

[2] L'indicateur des oiseaux des milieux agricoles combine les tendances globales des populations de 37 espèces classées en tant qu'oiseaux des milieux agricoles. Parmi elles, 22 sont en déclin contre seulement 6 en augmentation, 6 autres sont stables et 3 ont des tendances incertaines. Plus généralement, l'indicateur montre un déclin de 52% depuis 1980. Ceci équivaut à une perte de plus de 300 millions d'oiseaux des milieux agricoles sur les trente dernières années et ce, malgré les efforts de nombreux agriculteurs respectueux de la nature et des organisations de protection.

Pour avoir une idée du déclin des espèces autrefois communes des milieux agricoles européens, voici quelques exemples :

  • Alouette des champs (Alauda arvensis) : 39 millions d'oiseaux disparus, un déclin de 2% par an en moyenne
  • Pipit Farlouse (Anthus pratensis) : 12 millions d'oiseaux disparus, un déclin de 2% par an en moyenne
  • Linotte mélodieuse (Carduelis cannabina) : 25 millions d'oiseaux disparus, un déclin de 3% par an en moyenne
  • Bruant jaune (Emberiza citrinella) : 21 millions d'oiseaux disparus, un déclin de 2% par an en moyenne
  • Moineau Friquet (Passer montanus) : 40 millions d'oiseaux disparus, un déclin de 1% par an en moyenne
  • Vanneau huppé (Vanellus vanellus) : 2 millions d'oiseaux disparus, un déclin de 2% par an en moyenne

Bien que certaines espèces déclinent moins dans les nouveaux pays de l'UE ou y sont en croissance (comme le moineau), les tendances les moins négatives dans ces pays ne peuvent compenser le dramatique déclin global des oiseaux communs des milieux agricoles de l'UE.

Les données proviennent des suivis des oiseaux nicheurs de 23 pays de l'UE (Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, Chypre, république Tchèque, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Italie, Lettonie, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République d'Irlande, Royaume-Uni, Slovaquie, Slovénie et Suède, collectées et analysées via le Programme paneuropéen de suivi des oiseaux communs (PECBMS).