Vendredi 16 novembre, après 12 ans de travail, BirdLife Europe a réussi à convaincre la Commission européenne de lancer un Plan d'Action européen pour réduire les captures accidentelles d'oiseaux marins dues aux engins de pêche.

Puffin des Baléares - Photo : Elsa BugotPuffin des Baléares - Photo : Elsa BugotEn 2001, quand la Commission européenne a commencé à évoquer un Plan d'Action (1), BirdLife Europe a immédiatement défendu ce projet (2). BirdLife estime que 200 000 oiseaux marins sont tués tous les ans par des engins de pêche en Europe. Des études prouvent, par exemple, que les filets maillants dans la Mer Baltique et dans la Mer du Nord entrainent la capture accidentelle de 100 000 oiseaux marins chaque année (3) et que la pêche espagnole à la palangre du merlu au large du sud-ouest de l'Irlande cause la mort de dizaines de milliers d'oiseaux marins par an, la plupart du temps des puffins (4).

Pour certaines espèces d'oiseaux menacées, les captures accidentelles constituent donc un des facteurs pouvant conduire à leur disparition. Ainsi le puffin des Baléares, en danger critique d'extinction et en annexe I de la Directive Oiseaux, est directement menacé par ces captures accidentelles. C'est pourquoi la LPO souhaite affiner les données disponibles dans les eaux françaises en travaillant avec les pêcheurs tant professionnels que de loisir.

Allain Bougrain Dubourg, président de la LPO, déclare ainsi : « Nous félicitons l'Union Européenne de traiter la thématique des captures accidentelles des oiseaux marins. La LPO (BirdLife en France), a commencé à travailler sur ce sujet dans le cadre d'un programme européen Interreg FAME avec d'autres représentants de BirdLife. La LPO souhaite également renforcer la collaboration avec les communautés de pêcheurs sur cette question et plus largement sur les interactions positives et négatives entre les oiseaux marins et les différents types de pêche.

Le Plan d'Action de l'Union Européenne vise à minimiser, et quand c'est possible éliminer, les prises accidentelles d'oiseaux marins aussi bien dans les eaux européennes que dans celles du reste du monde. Cet objectif pourrait être atteint notamment grâce à la mise en place de mesures de réduction, à construire conjointement avec les pêcheurs, pour empêcher les oiseaux d'entrer en contact avec les engins de pêche, la clé de la réussite de ce plan passe donc par la recherche et développement de ces mesures mais aussi par la sensibilisation et la formation des pêcheurs. La collaboration des professionnels de la pêche lors de l'élaboration de ce plan d'actions est donc une condition indispensable au succès de sa mise en œuvre.

La LPO considère ce plan comme un guide de bonnes pratiques qui pourrait s'adresser aussi bien à la pêche professionnelle qu'à la pêche récréative en se basant sur les techniques déjà utilisées dans d'autres régions du globe par des flottilles n'appartenant pas à l'UE (5).

Euan Dunn, Responsable des Politiques Marines à la RSPB/BirdLife au Royaume-Uni explique : « les oiseaux marins sont l'indicateur le plus visible et le plus symbolique de la bonne santé de nos océans et l'expérience montre que les pêcheurs responsabilisés préfèrent largement prendre des poissons que des oiseaux s'ils ont les moyens de le faire. Le Plan d'Action européen pour les oiseaux marins donne désormais aux membres de l'UE et à la filière pêche l'opportunité d'avoir ces moyens, nous espérons donc qu'ils saisiront cette chance ».

La naissance de ce Plan d'Action européen pour les oiseaux marins est donc une première étape essentielle. Suite à la proposition de la Commission Européenne, ce sera aux États membres d'approuver le plan en Conseil des ministres, puis de le traduire en mesures efficaces dans leurs eaux sous souveraineté française, mais aussi dans les eaux internationales, où les navires européens pêchent également. La LPO compte sur ce plan pour permettre la mise en place d'actions urgentes afin d'établir un diagnostic partagé sur ce sujet et de lutter contre l'attirance fatale des oiseaux marins vers les engins de pêche.

Contacts

BirdLife Europe

Johanna Karhu, EU Marine and Fisheries Policy Officer,
BirdLife Europe,
phone: +32 (0)2 238 50 93,
email: johanna.karhu@birdlife.org

Euan Dunn, Head of Marine Policy
RSPB, UK,
phone: +44 1767 693302,
email euan.dunn@rspb.org.uk

Caroline Jacobsson, Head of Communications & Marketing,
BirdLife Europe,
phone: +32 (0)2 238 50 94,
email: caroline.jacobsson@birdlife.org

LPO / BirdLife France
Patrick Ladiesse
Attaché de presse LPO
Tél. : 06 34 12 50 69

Amélie Boué,
Responsable de programme LPO
Tél : 05.46.82.12.34

BirdLife Europe est une alliance de 45 associations de protection de la nature (parmi lesquelles la LPO en France), oeuvrant pour la conservation des oiseaux et de leurs habitats. L'approche de BirdLife Europe est unique, avec des actions depuis le niveau local jusqu'au niveau mondial, ayant un impact fort et durable, qui bénéficie à la Nature et à l'Humain.

Notes

  1. lien vers le plan d'action : http://www.fao.org/docrep/006/x3170e/x3170e02.htm
  2. Les éléments de la campagne de mobilisation pour le Plan d'Action (en anglais) :
  3. Source : Zydelis et al. 2009 Bycatch in gillnet fisheries – an overlooked threat to waterbird population. Biological Conservation, 142:1269-1281.
  4. Source : Anderson, ORJ, Small, CJ, Croxall, JP, Dunn, EK, Sullivan, BJ, Yates, O and Black, A (2011) Global seabird bycatch in longline fisheries. Endangered Species Research 14, 91-106.
  5. Au moins pour les pêcheries utilisant des lignes, de nombreuses études du monde entier montrent que des mesures simples et efficaces peuvent :
    • empêcher les oiseaux marins d'attraper les appâts sur les hameçons et d'être pris au piège,
    • améliorer les captures de poissons des navires
    • créer une relation « gagnant-gagnant » entre les pêcheurs et les oiseaux marins.
  6. Les appâts sont chers et leur perte au profit des oiseaux a un coût financier non négligeable. De plus, chaque hameçon dépourvu d'appât est potentiellement un poisson en moins attrapé.