L'Union Européenne n'a pas réussi à tenir les promesses de verdissement de la politique agricole commune (PAC).

Telles sont les conclusions de l'étude universitaire publiée aujourd'hui dans la revue «Science» révélées par des scientifiques européens, experts de la conservation et spécialistes de la politique agricole commune. Les récentes réformes de la PAC étant bien trop faibles à leurs yeux, ils invitent les Etat membres à prendre des mesures.

Bocage - Crédit photo : LPO Bocage - Crédit photo : LPO

Près de 40% du budget de l'UE, soit 360 milliards d'euros, sont actuellement consacrés à l'agriculture, ce qui représente 50% des terres. Depuis de nombreuses années, les scientifiques et les ONG environnementales ont mis en garde les institutions de l'UE sur le fait que les pratiques agricoles intensives ont sensiblement détruit les habitats, modifié les écosystèmes et provoqué un déclin important d'un grand nombre d'espèces: Alouette des champs (-51%), Tourterelle des bois (-74%), Bruant ortolan (-86%).

Elles vont même jusqu'à menacer la sécurité alimentaire future de l'UE et la santé de ses citoyens.

Pour rappel, en décembre 2013, l'UE s'était engagée à mettre davantage l'accent sur les pratiques environnementales et sur la lutte contre le changement climatique. Pour relever ce défi, 30% des paiements directs aux agriculteurs ont été conditionnés à la mise en application de trois mesures:

  • l'établissement de surfaces d'intérêt écologique (SIE)
  • le maintien des prairies permanentes
  • la fixation des exigences minimales sur la diversité des cultures de terres arables.

Malgré ces mesures, l'article publié aujourd'hui par la revue Science, révèle que 88% des agriculteurs issus de l'UE se sont actuellement exonérés de la mise en place de surfaces d'intérêt écologique, ce qui représente plus de 48% des terres cultivées. Ainsi, déplorent les experts, ces dispositifs ne permettent en rien de restreindre l'intensification des pratiques agricoles malgré une étiquette «verte» affichée.

Ariel Brunner, chef politique de l'UE à BirdLife Europe, a par ailleurs déclaré: «Nous avons maintenant des preuves scientifiques indiquant que les nouvelles règles sont presque aussi mauvaises que les anciennes et sont dramatiquement insuffisantes pour sauver la nature.» Elle ajoute; «Nous ne pouvons qu'espérer que le Commissaire Cioloş et son successeur ne vont pas ignorer ces éléments. De notre côté, nous allons continuer à faire campagne pour un bilan concernant la nouvelle PAC et faire en sorte qu'au niveau national, les gouvernements utilisent les outils disponibles pour stopper la destruction des écosystèmes des terres agricoles.»

Dans ce contexte Allain Bougrain Dubourg, président de la LPO France, rappelle «qu'en France l'agriculture occupe plus de la moitié du territoire. Le rapport des scientifiques nous invite à faire la lumière sur nos engagements environnementaux et la position leader de la France dans le secteur agricole nous engage à montrer l'exemplarité. Or, les mesures agro-environnementales pratiquées dans l'hexagone, n'ont pas l'ambition qui s'impose.»

Règlementairement, les États membres ont jusqu'au 1er Août 2014 pour adresser un état des lieux à la Commission européenne.

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Attachée de presse LPO France
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