Groupe de travail sur les pesticides systémiques, 24 Juin 2014

Depuis plusieurs années, 29 scientifiques indépendants se sont regroupés au sein d'un Groupe de Travail sur les pesticides systémiques pour examiner, au travers d'une analyse portant sur huit cents publications parues dans des revues à comité de lecture, les effets de ces insecticides dans l'environnement. Les résultats de cette analyse seront publiés durant l'été 2014 dans Environnement Sciences and Pollution Research.

Les plus affectés sont les invertébrés terrestres - Crédit photo : Claus MikoschLes plus affectés sont les invertébrés terrestres - Crédit photo : Claus Mikosch

La mise en œuvre de ce groupe de travail est la réponse de la communauté scientifique aux inquiétudes concernant l'impact des pesticides systémiques sur la biodiversité et les écosystèmes. Son intention est de fournir un point de vue scientifique définitif pour informer rapidement et améliorer les prises de décision des autorités. Elles devront désormais tenir compte des résultats de cette évaluation d'une ampleur inégalée.

La toxicité s'étend au-delà les études réglementaires.
Les néonicotinoïdes et phénylepyrazoles sont persistants, en particulier dans les sols durant plusieurs mois, voire plusieurs années ce qui accroît la durée d'exposition de la biodiversité. Les produits de leur dégradation (métabolites) sont souvent plus toxiques que les matières actives initiales. Les évaluations réglementaires de toxicologie actuelles sont dans l'incapacité de déceler les effets à moyen et long terme résultant d'exposition à faibles doses.

La gamme des effets de l'exposition à ces pesticides s'étend donc de la toxicité aiguë (mortelle) à la toxicité sub-létale chronique conduisant à des troubles de l'odorat, de la mémoire, une réduction de la fécondité, une altération du comportement alimentaire avec réduction de l'alimentation ou de l'activité des butineuses, une altération du comportement de forage des vers de terre, des troubles du vol et un accroissement de la sensibilité aux maladies.

Les voies d'exposition dans les écosystèmes sont multiples : dans chaque partie de la plante de ses racines au nectar, dans les sols en raison de leur rémanence, dans l'eau en raison de leur solubilité, dans les sédiments, dans les plantes non traitées en raison des poussières atmosphériques ou de la contamination par les sols ou l'eau. L'exposition peut donc être : la plante, l'air, le sol, l'eau.

L'étude des effets a porté sur les individus, les espèces, les écosystèmes et les services éco-systémiques : Les résultats révèlent que les niveaux de pollution des milieux par ces insecticides systémiques résultent des usages autorisés, lesquels conduisent à constater des concentrations au-dessus de « la plus basse concentration pour laquelle des effets négatifs sont observés » (LOAEC).

Les groupes les plus affectés sont dans l'ordre : les invertébrés terrestres, en particulier les espèces de vers de terre, encore appelés « ingénieurs du sol » en raison de leur importance dans la formation du complexe argilo-humique ; les insectes pollinisateurs, en particulier les abeilles mellifères mais aussi toutes les autres espèces pollinisatrices : papillons, certaines mouches, des coléoptères ; les invertébrés ayant au moins une phase aquatique, en particulier les escargots, les puces d'eau et des crustacés ; les oiseaux lorsqu'ils sont exposés à des concentrations faibles ou moyennes tant au niveau individuel que des populations ; les poissons, les amphibiens et les microbes affectés à haute concentration et exposition prolongée.

En définitive, conclut cette expertise, l'usage de ces substances n'est pas soutenable. Cet usage accélère l'important déclin global des invertébrés donc accroît un risque de réduction du niveau, de la diversité, la sécurité et la stabilité des services éco-systémiques. Ils affectent globalement la biodiversité. Le Groupe suggère l'application du Principe de Précaution conduisant à une réduction drastique à grande échelle de leur usage.

Différentes conférences sont prévues à travers le monde : Ottawa et Bruxelles le 24 juin, Manille le 25 juin et Tokyo le 26 juin.

Ces insecticides représentent actuellement 40% des ventes mondiales. Leur usage est donc très répandu.

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Conclusions of the Worldwide Integrated Assessment on the risks of neonicotinoids and fipronil to biodiversity and ecosystem functioning
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Carine Brémond
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