Par courrier en date du 11 septembre 2014, la LPO, FNE et l'ASPAS viennent de saisir officiellement l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail, comme la loi les y autorise.

Bouquetin (Capra ibex) - Crédit photo : Félix BazinetBouquetin (Capra ibex) - Crédit photo : Félix Bazinet

Elles demandent qu'une évaluation soit engagée à la lumière des conséquences de la gestion actuelle du problème de la brucellose sur les Bouquetins du Massif du Bargy (74), gestion qui tendrait à aggraver la situation plutôt que d'en limiter la portée. Et en conséquence, que de nouvelles préconisations soient apportées pour concilier les impératifs de santé publique et le respect de cette espèce emblématique des Alpes, par ailleurs protégée.

Lors de sa session du 17 septembre 2014, le comité permanent du Conseil National de Protection de la Nature a déclaré, dans l'attente de cette nouvelle expertise, ne pas disposer d'éléments actualisés pour examiner la nouvelle demande de dérogation pour destruction d'espèces protégées. Celle-ci avait été présentée par la Préfecture de Haute-Savoie afin de tuer tous les Bouquetins âgés de 5 ans et plus, quel que soit leur état de santé, et les bouquetins de moins de 5 ans atteints de brucellose.

Le sujet a été repoussé à la session suivante, en novembre 2014.

En conséquence, et faute d'avis du CNPN sur cette demande de dérogation, nos associations en concluent que toute décision de destruction de cette espèce protégée avant cet examen serait de fait entâchée d'illégalité.

Contact presse

Carine Brémond
Attachée de presse LPO France
carine.bremond@lpo.fr
06 34 12 50 69

Compléments d'information

Dans la lettre de saisine des associations on relève que :

« En 2014, la surveillance des bouquetins du massif s'est poursuivie, en particulier pour mesurer l'évolution de la maladie. Les résultats de cette surveillance, extraits du rapport de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) du 30 juin 2014, montrent en particulier :

  • une augmentation substantielle, en quelques mois, de la prévalence de la brucellose chez les jeunes bouquetins du massif du Bargy jusque-là peu touchés, évaluation faite à partir d'un échantillon de 38 animaux ;
  • l'enregistrement d'un aller-retour d'un bouquetin du massif du Bargy vers celui des Aravis, ce qui corrobore les observations des naturalistes faisant état de déplacements d'animaux visuellement reconnaissables entre les massifs.
  • la fiabilité de 100% d'un nouveau test « terrain » de dépistage de la brucellose ;
  • selon les chiffres communiqués par le préfet en début d'été 2014, les 3 interventions en 2013 ont permis d'abattre 233 bouquetins de 5 ans et plus. Depuis le début des opérations en 2012, on comptabilise à ce jour 324 bouquetins morts, soit abattus parce qu'âgés, soit abattus parce que séropositifs, soit abattus parce que cliniquement malades, soit morts par accident. Or les recensements effectués sur le massif ont révélé la présence d'environ 300 individus au moment du rut alors que la population était censée être fortement réduite suite à l'abattage, puis des effectifs nettement moindres au printemps 2014, ce qui pourrait suggérer une recolonisation à partir des populations de bouquetins voisines suivie d'un retour sur leur massif d'origine.

Les résultats de 2014 posent question sur les hypothèses de départ en 2013 et sur le plan de la maîtrise durable et proportionnée du risque de transmission de la brucellose des bouquetins aux animaux domestiques, pour protéger la santé de l'homme, enjeu prioritaire, mais aussi les produits laitiers savoyards des conséquences économiques induites. Très clairement, les mesures de gestion pour les bouquetins mises en œuvre en 2013 ont conduit à aggraver la situation chez les individus de moins de 5 ans, et pourraient ainsi être de nature à augmenter le risque par diffusion dans les massifs voisins ».

Plus d'informations

Téléchargez le communiqué de presse