Plus de 40% des zones marines importantes pour la conservation des oiseaux marins en Europe ne bénéficient pas de protection selon le rapport « Natura 2000 en mer, quelles avancées ? » publié le 25 novembre par BirdLife International. Qui plus est, seuls 2/3 des pays de l’UE protègent tout au plus 3% de leurs eaux territoriales et zones économiques exclusives. Un constat dont la LPO, représentant officiel de BirdLife International en France se fait l’écho. Explications.

Fulmar boréal (Fulmarus glacialis) - Crédit photo : Nidal IssaFulmar boréal (Fulmarus glacialis) - Crédit photo : Nidal Issa

Les oiseaux marins : parents pauvres de l’UE

Objectif phare de la stratégie de l’UE pour la biodiversité, la conservation des oiseaux marins et de leurs habitats, tant sur terre qu’en mer, constitue une obligation légale au titre de la Directive Oiseaux. Ainsi et depuis 1979, les États Membres de l’UE sont tenus de protéger les oiseaux marins dans le réseau des Zones de Protection Spéciale (ZPS). Peu l’appliquent en réalité et particulièrement en ce qui concerne le milieu marin. Selon le rapport de BirdLife publié le 25 novembre, plusieurs pays à l’instar du Portugal, sont loin de protéger convenablement ces sites quand bien même l’identification des IBAs marines y a été financée par l’UE.

Quelques résultats prometteurs

Le rapport mesure par ailleurs les progrès réalisés par 23 pays côtiers de l’UE dans la désignation des Zones de Protection Spéciale (ZPS), la protection des IBAs marines et de l’espace marin. Ainsi l’Allemagne, l’Espagne et la Pologne ont réalisé des progrès notables dans la protection des sites importants pour les oiseaux marins au large.

Dans l’ensemble, les progrès constatés en Europe pour la désignation des ZPS pour les oiseaux marins restent imparfaits : les efforts menés par huit États membres sont qualifiés d’« insuffisants » quand seulement trois sont évalués comme « très bons ». La France, pour sa part, a désigné des ZPS marines autour de colonies de nidification ainsi que le long de son littoral et en mer. Quelques grandes ZPS protègent maintenant les secteurs d’alimentation du Puffin des Baléares, l’oiseau marin le plus menacé d’Europe (considéré en danger critique d’extinction sur la liste rouge mondial de l’IUCN). Beaucoup de ces ZPS sont localisées dans les zones identifiées comme des IBAs marines par la LPO. Cependant, leur taille souvent modeste confère à la France une note « Médiocre-Bon », avec seulement 38% des IBAs marines désignées en ZPS. À ce jour, 10% de la surface totale de la ZEE française bénéficie d’une protection, la plaçant en 8e position dans l’Union européenne.

Des efforts à maintenir

En France, la désignation de nouveaux sites au large se poursuit, grâce notamment au programme de connaissances ambitieux piloté par le ministère en charge de l’Ecologie avec l’appui technique de l’Agence des aires marines protégées et l’appui scientifique du Muséum National d’Histoire Naturelle.

Pour l’heure, « le réseau de sites protégés en France reste encore incomplet et les sites désignés ne sont toujours pas gérés de manière appropriée. Mais nous avons les compétences pour devenir exemplaire, comme le souhaitait le Président de la République, en ouverture de la dernière Conférence Environnementale » confie Allain Bougrain Dubourg, président de la LPO.

Contact Presse

Carine Brémond
Attachée de presse LPO France
carine.bremond@lpo.fr
Tél : +33 (0)6 34 12 50 69

Informations complémentaires

Au cours du 1er semestre 2015, des consultations seront menées au niveau des façades maritimes sur de grands secteurs, pour que la proposition finale française de sites Natura 2000 soit transmise à l’Union européenne avant la fin d’année. La LPO sera attentive à ce que ces désignations soient cohérentes avec les besoins exigés pour la conservation des espèces d’oiseaux les plus menacées. La LPO apportera sa contribution à cette nouvelle désignation par l’exploitation des données produites lors du programme Interreg atlantique FAME qu’elle a coordonné en France de 2010 à 2014. Elle a ainsi déterminé deux IBAs marines en Manche Est, dont l’une est transfrontalière avec le Royaume Uni. Ce sujet des zones transfrontalières et de leur protection sera d’ailleurs un point abordé la semaine prochaine lors de la Marine Task Force qui se réunira à Bruxelles, au siège de BirdLife International.

Les ZICOs sont maintenant plus connues sous leur terminologie anglo-saxonne IBAs (Important Bird and Biodiversity Areas) marines

Télécharger le rapport « Natura 2000 en mer, quelles avancées ? » : http://www.birdlife.org/europe-and-central-asia/marine-natura-2000-network

Les IBAs inventoriées par les partenaires de BirdLife sont reconnues comme des références pour la désignation des Zones de Protection Spéciale. Les partenaires de BirdLife sont à l’origine de l’identification des sites importants pour les oiseaux marins au moyen de techniques de pointe et de critères scientifiques rigoureux.

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