Suite à la conjonction d'une concentration exceptionnelle de rapaces et de campagnols terrestres, dûe à une météo particulièrement clémente la LPO s'inquiète des conséquences dramatiques pour les rapaces de l'utilisation de la bromadiolone.

 

Milan royal (Milvus milvus) - Crédit photo :  Emile Barbelette / LPOMilan royal (Milvus milvus) - Crédit photo : Emile Barbelette / LPO

Désormais autorisé par arrêté ministériel* pour des traitements contre les campagnols, ce produit hautement toxique continue de tuer des espèces protégées et menacées : déjà 4 milans royaux ont été retrouvés morts cet automne sur Roche-Charles-la-Mayrand (Puy-de-Dôme). La LPO demande à l'Etat de suspendre et d'interdire les traitements avec ce puissant anticoagulant et invite les agriculteurs à en faire autant pour que les hécatombes, constatées en 2011 et en 2012, ne se reproduisent pas en 2014.

Rassemblement record de rapaces en Auvergne

Depuis 7 ans, un comptage des dortoirs de milans royaux est organisé en France et en Europe. Cette opération permet de mieux connaître l'aire de répartition de l'espèce en hivernage, de déterminer l'effectif d'hivernants, ainsi que de mesurer les évolutions et variations au cours des années.

Cette année, des dizaines de bénévoles se sont mobilisés les 29 et 30 novembre 2014, dans le Puy-de-Dôme, la Haute-Loire et le Cantal et ont dénombré près de 3 000 milans royaux (espèce endémique de l'Europe faisant l'objet d'un Plan National de Restauration). Un chiffre record !

Les rapaces, auxiliaires précieux du monde agricole

Sur la Planèze de Saint-Flour dans le Cantal, si on ajoute aux milans les Buses variables et les Faucons crécerelles, ce sont environ 10 000 campagnols qui sont consommés par ces rapaces chaque jour.

Toutes ces espèces protégées par la loi sont en effet des prédateurs spécialisés dans la capture et la consommation des différents micro-mammifères que sont les taupes et les campagnols qui eux peuvent occasionner des préjudices aux agriculteurs et éleveurs. Ces espèces d'oiseaux constituent des auxiliaires précieux pour le monde agricole.

Or, les appâts à la bromadiolone peuvent être utilisés dans tous les secteurs fréquentés par ces rapaces. Comme si l'hécatombe des 58 milans royaux et buses variables, intoxiqués à la bromadiolone, en 2011 dans le Puy-de-Dôme n'avait pas servi de leçon et n'avait pas suffi à démontrer une nouvelle fois la dangerosité de ce puissant anticoagulant pour la faune sauvage, et particulièrement le Milan royal.

Sans compter que l'Auvergne joue un rôle majeur pour l'hivernage du Milan royal, abritant près d'un tiers de l'effectif hivernant français, issu aussi bien de la France que de l'Allemagne et de la Suisse.

Comme le prévoit le nouvel arrêté ministériel* supposé encadrer ces traitements chimiques, la LPO exige une suspension immédiate de l'utilisation de ce poison puisque le risque d'empoisonnement de la faune sauvage est avéré. Elle invite par ailleurs les agriculteurs des communes concernées par les traitements à en stopper l'utilisation au plus vite.

Contacts Presse

Carine Brémond
Attachée de presse LPO France
carine.bremond@lpo.fr
06 34 12 50 69

Sonia Lyamouri
LPO Auvergne
sonia.lyamouri@lpo.fr
07 76 32 59 77

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Informations complémentaires

* L'utilisation de la bromadiolone est désormais encadrée par l'arrêté ministériel du 14 mai 2014 relatif au contrôle des populations de campagnols nuisibles aux cultures ainsi qu'aux conditions d'emploi des produits phytosanitaires contenant de la bromadiolone.

Extraits :

  • art. 6 : un arrêté préfectoral peut définir des zones où la lutte chimique est interdite, notamment dans les zones de présence d'espèces protégées faisant l'objet de plans nationaux d'action.
  • annexe VII: l'emploi d'appâts empoisonnés à la bromadiolone peut provoquer des intoxications de la faune non cible qui vont dépendre de plusieurs facteurs liés notamment aux densités de campagnols, aux densités de faunes présentes lors des traitements et à l'importance de ces traitements. La prise en compte de ces trois facteurs va permettre d'analyser a priori le risque d'intoxication de la faune non cible et d'adapter les mesures d'interdiction ou de restriction d'emploi de la lutte chimique.

Fiche signalétique

Le milan royal (Milvus milvus) est un rapace diurne de grande taille. D'une longueur de 59 à 66 centimètres pour une envergure de 145 à 165 centimètres, il pèse entre 800 et 1 050 grammes pour les mâles et 950 à 1 300 grammes pour les femelles.

Il se reconnaît à sa longue queue rousse triangulaire et profondément échancrée, typique de l'espèce.

Menaces

  • La dégradation de son habitat et la disparition de ses proies ;
  • Les empoisonnements accidentels et volontaires ;
  • La diminution du nombre de décharges (où ce rapace, aux mœurs de charognard, trouve sa nourriture) ;
  • Les tirs ;
  • Les collisions avec les voitures, les lignes électriques et les éoliennes.

Statuts

Suite à son déclin constaté entre 1990 et 2000, le statut européen du milan royal a évolué depuis 2005 : il figure désormais dans les catégories « en déclin » avec comme critère « déclin modéré et récent ». Inscrite sur la Liste rouge de l'UICN en raison de son endémisme européen, cette espèce est considérée, depuis cette date, comme quasi-menacée. En France, le milan royal figure désormais parmi les espèces vulnérables (liste rouge actualisée en 2008).

Distribution mondiale

La population nicheuse mondiale est exclusivement présente en Europe : l'Allemagne, la France et l'Espagne abritent, à elles trois, environ 72 % de la population mondiale. Si l'on ajoute la Suède, le Royaume-Uni et la Suisse, on obtient pour ces 6 pays environ 93 % de la population mondiale (20 800 à 24 900 couples).

En France, on distingue cinq foyers principaux :

  • le Massif central
  • l'ensemble du Piémont pyrénéen
  • la Chaîne jurassienne
  • les plaines du Nord-est
  • la Corse.

Plus d'informations sur le site Internet : http://rapaces.lpo.fr/milan-royal