Passant outre les alertes des principales associations de protection de l'environnement françaises (FNE, LPO, Le Peuple des Dunes…) et de la ministre en charge de l'Ecologie elle-même*, Emmanuel Macron, ministre de l'Economie accorde la concession d'extraction de sable coquillier en baie de Lannion. En pleine période d'examen de la loi biodiversité, l'écart se creuse entre le discours et la réalité.

Pingouin torda (Alca torda) et lançons - Crédit photo : Armel Deniau / LPOPingouin torda (Alca torda) et lançons - Crédit photo : Armel Deniau / LPO

La Compagnie Armoricaine de Navigation (CAN), filiale du groupe Roullier, se voit ainsi autorisée à extraire le sable coquillier d'une dune sous-marine située à la « pointe d'Armor » (Côte d'Armor) à moins d'un kilomètre de deux zones classées Natura 2000 dont celle de la Réserve des Sept-Îles. Un site que l'Etat français s'est pourtant engagé à protéger !

Les impacts prévisibles sont principalement de trois ordres :

  • Le nuage turbide soulevé par l'extraction et porté par les courants risque fortement d'atteindre la réserve naturelle des Sept-Iles, reconnue comme site majeur de biodiversité marine.
  • La diminution de la ressource alimentaire pour les prédateurs (poissons, phoques, cétacés et oiseaux) dont la destruction de l'habitat du lançon (petit poisson vivant dans la dune marine).
  • L'impact socio-économique à prévoir sur l'activité des pêcheurs professionnels.

Emmanuel Macron a estimé que « les études concluent avec suffisamment de certitude à l'absence d'impact significatif sur l'environnement et les autres activités ». Cette décision, assortie d'un cahier des charges « inédit de contrôle et de suivi » stipule entre autre qu'un état initial environnemental précis sera établi avant le début de l'extraction.

La LPO déplore que la réalisation de cet état initial soit confiée au pétitionnaire lui-même. Qu'en sera-t-il de la prise en compte de l'expertise des établissements publics, telle que l'IFREMER qui préconisait un état initial de 2 à 3 ans ?

Par ailleurs, la LPO s'interroge sur la réalité des garanties offertes par les aménagements décidés par le ministre pour réduire l'impact sur la biodiversité. Enfin de nombreuses questions subsistent comme la capacité des lançons à revenir dans leur habitat suite à l'extraction, ou la sensibilité saisonnière de la faune et de la flore aux importants dépôts de sédiments.

Gestionnaire de la Réserve naturelle des Sept-Iles depuis 1976, la LPO s'associe au collectif du Peuple des Dunes pour rappeler son opposition à ce projet et se réserve la possibilité d'actions en justice.

Allain Bougrain Dubourg, président de la LPO : « Nous apprécions qu'Emmanuel Macron ait fait un effort après avoir entendu notre argumentaire mais sa décision d'engager l'exploitation ouvre les vannes vers une perturbation environnementale qui reste très inquiétante ».

* Courrier du 5 juin 2014, adressé à Alain Bidal, président du Collectif le Peuple des Dunes en Trégor.

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