Le gouvernement savait. Il avait été alerté par nos associations de protection de l’environnement comme en témoigne un courrier en date du 27 novembre 2015. Il connaissait les tenants et les aboutissants grâce notamment à une étude approfondie de l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Le 22 décembre, le Président de la LPO avait alerté les conseillers environnement du Premier Ministre sur le sujet. La LPO rend par ailleurs hommage à la Ministre en charge de l’écologie qui avait elle-même tiré la sonnette d’alarme.
Rien n’y a fait : sacrifiant à un modèle dépassé, et s’asseyant sur les principes mêmes du développement durable qui exigent que les trois piliers de l’écologie, de l’économique et du social soient portés conjointement, le gouvernement vient de prolonger pour 6 ans les déversements industriels de l’usine Alteo de Gardanne dans une Méditerranée à bout de souffle.
Alors que l’industriel avait disposé de nombreuses années pour se préparer à cette fin de dérogation au 1er janvier 2016 connue de longue date, le chantage à l’emploi a de nouveau marché. Une simple hypothèque sur l’avenir. Ils volent la Méditerranée à nos enfants.
Jusqu’à présent, l’industriel déversait 270 m3 par heure de boues rouges et eaux de traitement. Grâce à des investissements payés par… les contribuables via l’Agence de l’eau, les matières solides seront désormais répandues …dans les vallons méditerranéens, tandis que les effluents liquides chargés de pollution et métaux lourds (soit 6 tonnes par jour d’aluminium !) continueront de se déverser dans la Méditerranée au mépris de la convention de Barcelone pourtant signée par la France.
La décision du Préfet accentue les atteintes à l’environnement déjà irréversibles pour la faune et la flore marine. À l’effet toxique des rejets s’ajoutent l’engluement par la boue, remplissant les branchies des poissons, l’absence de lumière, pourtant indispensable au développement des organismes vivants. La toxicité des métaux lourds se mesure à long terme, ils s’accumulent dans les organismes, provoquant des altérations du comportement, du développement et de la reproduction.
Le processus pour fabriquer l’alumine date de 1893. Le minerai pour le fabriquer vient de Guinée équatoriale. Les résidus sont inexploitables. L’industriel (porté par un Fonds de pension américain) et les pouvoirs publics savaient qu’il y avait obligation de reconversion. Ils ont eu des années pour préparer l’après 2015.
L’Etat français donne l’exemple et prône la vertu à tous les pays à l’occasion de la COP21. Un mois après il s’assoit lui-même sur les conventions internationales et ses propres obligations environnementales. Nos associations étudient toutes les possibilités, y compris juridiques, pour venir en aide à une Méditerranée exsangue de nos poubelles.
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Courrier de nos associations de protection de l’environnement envoyé le 27 novembre 2015
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Carine Brémond
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