François Hollande cède-t-il aux pressions de la FNSEA, premier lobby agricole de France ? Son cabinet aurait ordonné à l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) de procéder à l’élimination de tous les bouquetins survivants, passant au-dessus de la tête de ses ministres, les faisant ainsi renier leurs engagements du 12 mai 2016. S’agit-il de sécuriser l’électorat agricole en vue des présidentielles de 2017 au détriment de la biodiversité française ? 

Bouquetin - Crédit photo : Jérémy CalvoBouquetin - Crédit photo : Jérémy Calvo

Des instructions ministérielles écrites, claires et équilibrées avaient pourtant été données au préfet de Haute-Savoie en mai dernier par Stéphane Le Foll, Ségolène Royal et Barbara Pompili. Elles s’appuyaient sur l’expertise des spécialistes de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) préconisant de combiner l'euthanasie sélective de tous les bouquetins reconnus séropositifs et la vaccination des animaux sains. Une option certes de long terme mais la plus sûre pour la résolution de l’épizootie de brucellose sur le massif du Bargy. Depuis, les deux établissements publics, l’ONCFS et l’Anses ont travaillé étroitement tout l’été pour mettre en place un protocole de vaccination. Ce revirement de situation, contraire à l’avis scientifique, risque de remettre en cause durablement la sortie de crise et d’enliser définitivement le conflit entre éleveurs et protecteurs de la nature…

À ce jour, plus de 430 bouquetins ont été abattus dans le massif, dont une forte proportion d'animaux sains. Il y a eu un seul cas de brucellose en 17 ans - pour lequel la responsabilité des bouquetins n’est pas établie - et le risque de transmission de cette infection est nul ou quasi-nul pour tous les experts qui se sont penchés sur la question. Ils ont également affirmé que les tentatives d’abattages massifs et indiscriminés se solderaient probablement par la dissémination de la maladie sur les massifs avoisinants, risquant d’aggraver la situation.

Pour les associations : « Monsieur le Président, ne cédez pas à la facilité ! Si cette décision devait être confirmée, ce sont des années de travail des acteurs locaux pour une cohabitation apaisée entre la faune sauvage et le pastoralisme dans nos montagnes qui seraient anéanties ». La préservation des 200 bouquetins sains qui restent sur le massif du Bargy constitue un objectif de cohérence de préservation du capital nature de la France et pas seulement pour ceux qui militent comme la FRAPNA, FNE, Humanité et Biodiversité, l’ASPAS et la LPO.

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