Le Parlement européen vote pour récompenser et promouvoir la surpêche – prévoyant à nouveau des subventions néfastes à court terme pour la biodiversité marine, et pour les pêcheurs eux-mêmes.


Le 4 avril 2019, contre toute attente, le Parlement européen a décidé de dépenser l'argent des contribuables européens pour nuire au milieu marin. Ils ont voté pour l’investissement dans la surpêche et la réintroduction de subventions qu’ils avaient supprimées il y a 15 ans en raison des effets néfastes qu’ils avaient déjà eu sur l’environnement.

Le Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP) est la seule source de financement européenne dédiée à la mise en œuvre et au soutien des politiques maritimes et de la pêche. Ce vote confirme la position du Parlement européen sur les activités à soutenir en mer entre 2021 et 2027.

Indifférent à l'état de nos océans, les députés européens ont décidé de réintroduire les subventions à la construction de navires, ce qui conduira inévitablement à augmenter l’effort de pêche, sans tenir compte qu’à l'heure actuelle, 69% des ressources de pêche de l'UE sont déjà surexploitées[1]. Cela contredit la position de l’UE au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui dit aux autres gouvernements du monde de ne pas subventionner leurs flottes de pêche.

En gage de protection de l'environnement, le Parlement a décidé de consacrer 25% du FEAMP à la protection du milieu marin. Non seulement c’est insuffisant, mais l’Europe va continuer à soutenir la destruction des oiseaux, dauphins, phoques et autres espèces sauvages pourtant protégées par la législation de l’UE.

La situation est particulièrement préoccupante dans les régions ultrapériphériques[2] où un régime spécial a été voté pour permettre aux États membres de modifier la définition de la petite pêche côtière. Cela signifie que dans ces zones très riches en biodiversité, des flottes industrielles pourraient se développer. 

Allain Bougrain Dubourg, président de la LPO, rappelle que « tous les jours, les Européens exigent une meilleure protection de nos océans. Comment le Parlement européen peut-il voter en 2019 en faveur de la réintroduction de subventions publiques néfastes qu'il avait intelligemment éliminées il y a 15 ans ? La conservation des mers et des océans ainsi que de la biodiversité marine constituent l’un des enjeux des élections européennes de fin mai 2019. Parmi 20 propositions, la LPO appelle à prendre des mesures pour s’assurer que les plans d’aménagement et de gestion de l’espace marin garantissent réellement l’utilisation durable des océans. Elle demande la fin des captures accidentelles d’oiseaux de mer, de mammifères marins et de tortues de mer dans les activités de pêche industrielle. Elle recommande enfin de s’appuyer sur les avis scientifiques et de se baser sur les principes de reconstitution des espèces pour définir les quotas et les autorisations de pêche... »

Le Parlement européen va maintenant entamer des négociations avec le Conseil et la Commission européenne afin de décider d'un accord final. Les citoyens européens seront particulièrement attentifs aux résultats de ces discussions.

 

[1] 69% des stocks européens de poissons sont déjà surexploités - Froese et al. (2018) Status and rebuilding of European fisheries. Marine Policy, 93: 159-1

[2] Les régions ultrapériphériques concernées pour la France sont la Guadeloupe, La Réunion, Mayotte, la Guyane, la Martinique et Saint-Martin.

En annexe :

Elections européennes : les 20 propositions de la LPO


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