Les populations d’oiseaux, mammifères, reptiles, amphibiens et insectes connaissent un important déclin à travers l’Europe en raison de pratiques agricoles non-respectueuses de l’environnement. Aujourd’hui, d’éminents scientifiques s’unissent pour exhorter l’UE à réformer sa Politique agricole commune (PAC) afin de stopper cette destruction de son patrimoine naturel.
Plus de 2500 scientifiques d’Europe et d’ailleurs s’adressent pour la première fois au Parlement Européen, à travers une lettre ouverte envoyée aujourd’hui 5 Novembre 2019. Cette dernière exprime avec inquiétude un « consensus scientifique sans équivoque » qui établit un lien direct entre l’intensification de l’agriculture et la disparition croissante de la biodiversité. Les scientifiques demandent à l’UE de transformer sans délai la PAC afin d’en faire une réponse aux enjeux du changement climatique et de la disparition de la biodiversité, plutôt qu’une complice de la destruction de la nature.
Près de 60 milliards d’euros payés par les contribuables de l’UE financent chaque année l’agriculture intensive et industrielle subventionnée majoritairement par la PAC. Selon les signataires de la lettre ouverte, ces activités ont conduit à une diminution de plus de 55% des populations d’oiseaux européens en milieu agricole entre 1980 et 2015. Dans les réserves naturelles d'Allemagne, les populations d’insectes ont chuté de 76% en 27 ans. Ces deux chiffres sont liés et des tendances similaires sont observées en Europe pour d'autres familles d'animaux et de plantes vivant en zones rurales. Les experts pointent du doigt la disparition des haies et des arbres, l’usage de pesticides, l’expansion de l’irrigation et la destruction des pâturages comme principaux responsables du déclin de la biodiversité dans les espaces cultivés, qualifiés d’ « inhabitables monocultures à rendement maximal ». Certains oiseaux sont en outre exposés à des menaces supplémentaires pendant leur migration et sur leur site d'hivernage à cause de la chasse et du braconnage.
En soutien à la lettre envoyée, Pauline Rattez, chargée de mission agriculture à la LPO, précise qu’« il est scientifiquement démontré que l’agriculture intensive détruit la biodiversité. En réformant la PAC en profondeur afin de privilégier les pratiques agricoles responsables et ainsi redonner une place à la nature dans les zones rurales, la nouvelle Commission européenne a l’opportunité unique d’inverser la tendance avant qu’il ne soit réellement trop tard. C’est une responsabilité historique vis-à-vis de tous les peuples européens, mais aussi à l’échelle de la planète. »
[1] La lettre a été envoyée au Comité du Développement Agricole et Rural (AGRI) et au Comité de l’Environnement, de la Santé Publique et de la Sécurité Alimentaire (ENVI) de la Commission Européenne par les organismes scientifiques suivants :
La LPO est la représentante officielle en France de BirdLife international, partenariat de 122 organisations nationales de protection de la nature à travers le monde.