Hier 11 décembre, la Commission européenne annonçait un évènement très attendu : la publication du premier Green Deal européen promis par la nouvelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Décrit comme une « stratégie de croissance », le document se concentre principalement sur la crise climatique actuelle mais passe à côté des enjeux concernant la biodiversité et les écosystèmes. Malgré plusieurs grandes publications scientifiques récentes dont les conclusions accablantes confirment la crise qui frappe la biodiversité, avec un million d’espèces menacées d’extinction, le Green Deal européen laisse de côté bon nombre de problématiques.

Décrit comme une « stratégie de croissance », le document se concentre principalement sur la crise climatique actuelle mais passe à côté des enjeux concernant la biodiversité et les écosystèmes. Malgré plusieurs grandes publications scientifiques récentes dont les conclusions accablantes confirment la crise qui frappe la biodiversité, avec un million d’espèces menacées d’extinction, le Green Deal européen laisse de côté bon nombre de problématiques.

Concernant la biodiversité :

Le Green Deal doit développer une stratégie qui propose d’agir en faveur de la biodiversité dès sa publication. Il a été largement prouvé que les espaces naturels européens sont fortement dégradés. Trop vague, ce nouveau plan n’apporte pas encore la législation dont la nature a vraiment besoin : un ensemble de mesures que les États membres sont dans l’obligation de suivre. La Commission oublie de citer les écosystèmes, outre les forêts et les cours d’eau, qui doivent être restaurés afin de combattre efficacement le changement climatique et préserver la biodiversité en Europe.

Concernant les forêts :

La Commission ne propose aucune innovation dans sa stratégie pour les forêts, qui ne concerne ni les écosystèmes forestiers dégradés, ni la lutte contre le changement climatique. En effet, augmenter la plantation forestière afin de renforcer la biomasse et produire de l’énergie ne résoudra pas le déclin de la biodiversité et ne relèvera pas les défis climatiques, et pourrait même les exacerber.

Concernant la mise en œuvre :

Bien que la Commission vise à renforcer les lois environnementales, les mesures proposées resteront largement inefficaces si elles omettent de poursuivre les États membres qui les enfreignent. Avant de renforcer la législation pour la nature déjà existante en Europe, la Commission devrait tout d’abord s’efforcer de faire appliquer les lois déjà en vigueur et sanctionner les États membres qui ne les respectent pas.

Concernant l’agriculture :

Le Green Deal européen s’engage vaguement pour l’agriculture durable par la réduction des pesticides et des engrais, et la stimulation de l’agriculture biologique. Mais il n’évoque aucune action à mener pour réduire la consommation de viandes et de produits laitiers. Par ailleurs, il est inquiétant d’y retrouver comme argument que 40% de la Politique Agricole Commune (PAC) contribuera à l’action pour le climat, alors que la Cour des comptes européenne a déjà qualifié ces propos d’ « invention ». Les mesures attendues pour limiter l’utilisation d’intrants chimiques et réduire le gaspillage alimentaire ont été retirées sous la pression des lobbies.

Concernant les océans :

Le manque d’ambition du Green Deal pour nos océans est accablant. Bien que la Commission propose des mesures d’aménagement des couloirs maritimes plus respectueux des écosystèmes marins, elle ne mentionne pas les pratiques de pêche destructrices, la surconsommation de poissons, ou encore la gestion des Aires marines protégées (AMP).

Pour Ariel Brunner, responsable de BirdLife Europe:

« Ce Green Deal européen est censé être un pas en avant, mais il ne va pas bien loin en ce qui concerne le déclin de la biodiversité. Il exprime un vague engagement pour la restauration de la nature à travers l’idée d’une succession d’exploitations et de reforestations, principalement encouragée par les lobbies forestiers. Les changements proposés en matière d’agriculture sont mineurs, et bien qu’ils tendent vers une réduction des pesticides, ils restent loin d’aborder les réformes nécessaires à la PAC. Enfin, il y a un grand manque de clarté dans les propositions relatives à la surconsommation des ressources alimentaires en Europe. La Commission devra faire beaucoup mieux dans les mois à venir si elle veut donner à l’Europe les moyens de sortir de la crise écologique qui nous menace tous. »