La LPO demande au Président de la République de suspendre les activités de chasse au moins jusqu’en septembre et de revisiter certaines pratiques cynégétiques au regard de la crise sanitaire.
Ayant fait, et continuant à faire, des efforts considérables afin de limiter la propagation de la pandémie de COVID-19, les Français ne comprendraient pas que les mêmes exigences ne soient pas appliquées à tous, en particulier aux chasseurs qui ont déjà bénéficié de nombreuses largesses depuis l’élection d’Emmanuel Macron.
La chasse de nuit conduit ainsi ses adeptes à se confiner dans un espace extrêmement réduit de quelques mètres carrés, sans pouvoir respecter les mesures de distanciation recommandées. Il nous apparait donc essentiel qu’elle soit temporairement interdite. Pour les mêmes raisons, il est indispensable que les préfets veillent à ce que les opérations de chasse collectives (battues administratives, vénerie sous terre, chasse à courre, etc.) ne puissent reprendre.
Pendant deux mois, la destruction d’innombrables renards, blaireaux, corbeaux et autres soi-disant « espèces susceptibles d’occasionner des dégâts » a été partiellement suspendue, bien que quelques dérogations regrettables aient été accordées localement. La LPO souhaite que cette situation exceptionnelle et inédite soit prolongée et analysée afin de savoir si, de fait, les atteintes aux activités agricoles et piscicoles ont connu une augmentation significative. Si tel n’est pas le cas, une nouvelle preuve sera apportée à l’absence de justification pour la « régulation » massive de ces animaux sauvages. Trop souvent par le passé les préfets ont pu accorder des autorisations de destruction à titre préventif et sans que des dégâts substantiels n’aient été avérés. Nous avons aujourd’hui une occasion unique d’enrichir les données scientifiques en vérifiant l’efficacité des prélèvements massifs de prédateurs et de granivores, ou en démontrant leur inefficience.
Risques épidémiologiques
La destruction des prédateurs par les activités cynégétiques porte atteinte aux équilibres naturels et peut augmenter les risques de zoonoses, pathologies animales transmissibles aux humains, en favorisant le développement de certaines infections, comme par exemple la maladie de Lyme. Les lâchers de gibiers d’élevage et l’utilisation d’appelants constituent des risques supplémentaires de pollution sanitaire et génétique. La LPO demande à ce que des études scientifiques indépendantes soient menées sur ces pratiques et, dans l’attente, que le principe de précaution soit appliqué afin de les faire cesser.
Allain Bougrain Dubourg : « Le confinement des humains a sans nul doute soulagé des populations animales et végétales souffrant habituellement de notre mode de vie. Nous sommes nombreux à avoir été émerveillés par les images d’animaux s’épanouissant au cœur des villes ou par les chants d’oiseaux plus audibles. Ayant joui d’une tranquillité inhabituelle, la faune sauvage, moins craintive, est devenue encore plus vulnérable. Faisons en sorte que ce répit ne se transforme pas en sursis. »