Le Tribunal administratif de Marseille, dans une décision de référé du 8 octobre vient, comme en 2017 et 2019, de suspendre la chasse du Tétras lyre et du Lagopède alpin dans le département des Hautes-Alpes. La LPO se félicite de cette nouvelle décision de justice tout en soulignant l’obstination de la Fédération départementale des chasseurs des Hautes-Alpes et de l’Etat à vouloir à nouveau chaque année chasser ces espèces menacées de disparition.
En dépit des nombreux avis défavorables émis lors de la consultation du public du mois de mai 2020, et de l’opposition des ONG et scientifiques, le tir de 135 Tétras-lyre, 161 Perdrix bartavelle et 12 Lagopèdes alpin avait été autorisé en 2020 dans les Hautes-Alpes avait été autorisé par arrêté préfectoral du 23 juin 2020 et par arrêtés fédéraux du Président de la Fédération départementale des chasseurs en date du 18 septembre 2020. Arrêtés contestés par la LPO Paca.
Malgré le caractère emblématique de ces espèces patrimoniales inféodées à la montagne, il aura fallu une nouvelle décision de justice pour que la chasse de ces espèces inscrites sur la liste rouge de l’UICN des oiseaux menacés en 2020 en Provence Alpes Côte d’Azur (classement ‘‘vulnérable’’ pour le Tétras lyre et ‘‘en danger’’ pour le Lagopède alpin) soit enfin suspendue.
La LPO est fortement préoccupée par la diminution tendancielle des effectifs de ces deux Galliformes de montagne.
Elle rappelle la disparition du Grand Tétras des Alpes françaises, pourtant toujours chassable dans les Pyrénées. L’Etat y cumule plus de trente arrêtés préfectoraux cassés par le Conseil d’Etat et continue année après année d’autoriser la chasse du Grand-tétras. Quel français pourrait récidiver trente fois sans se retrouver en prison !?
Alors que notre pays s’apprête à accueillir dans quelques mois le Congrès mondial de l’Union internationale de conservation de la nature à Marseille, la France détient le triste record des pays européens qui chassent le plus d’espèces d’oiseaux (64), soit plus du double de la moyenne des autres pays européens, et parmi elles une vingtaine inscrites sur les listes rouges de l’UICN.
La LPO dénonce vigoureusement ces atteintes à la biodiversité : elle demande le retrait des Galliformes de montagne des espèces chassables sur l’ensemble du territoire national et leur classement en tant qu’espèces protégées. Elle se voit dans l’obligation d’en appeler à la justice tant que l’Etat continuera de laisser chasser des espèces en danger.
Plusieurs contentieux sont en cours :
Pour les 3 départements alpins : Isère, Savoie et Haute-Savoie contre les arrêtés préfectoraux autorisant le chasse du Lagopède alpin en 2019 (hélas les oiseaux ont été tués depuis) et un référé contre l’arrêté de 2020 toujours pour le lagopède alpin (audience le 15 octobre) ;
Une plainte contre X pour le tir d’un tétras-lyre mâle sans pose du dispositif de pré marquage obligatoire, et tir d’une femelle ce qui est interdit par la loi, deux infractions commises le jour de l’ouverture par un chasseur verbalisé par l’OFB, sur la commune des Contamines Montjoie en Haute-Savoie ;
Pour l’Ariège, un référé contre la chasse du Grand-tétras et du Lagopède alpin (audience le 12 octobre), pour les Hautes-Pyrénées un référé contre la chasse du Grand-tétras (audience le 16 octobre).