Après l’accord historique de Nagoya, les pays du Monde sont actuellement réunis à Cancun (Mexique) au chevet du climat. Ils devront garder à l’esprit l’impact considérable de ce dernier sur la biodiversité, et notamment sur l’avifaune.
Le réchauffement climatique oblige, tout d’abord, les oiseaux à modifier leurs dates de migration. Les migrateurs partiels, dont certaines populations se sédentarisent, réagissent plus rapidement et plus positivement que les migrateurs stricts au long cours.
Ces derniers ont dû avancer leur date de départ afin de traverser le Sahara avant l’apparition de la saison sèche qui s’étale davantage dans le temps. Ainsi, la Fauvette des jardins et le Gobemouche noir quittent l’Europe une semaine plus tôt qu’auparavant. Quant à l’hirondelle rustique, elle revient, en général, plus tôt au printemps.
Les oiseaux sont ensuite contraints d’adapter leurs périodes de reproduction. Ainsi, aux Pays-Bas, en 20 ans (1980-2000), le Gobemouche noir a avancé sa date de ponte d’environ 10 jours pour qu’elle coïncide avec l’activité plus précoce des végétaux et le pic d’émergence des insectes causés, tous deux, par l’élévation de la température printanière. Mais, comme cette espèce n’a pas avancé sa date d’arrivée sur les sites de reproduction, sa fenêtre optimale de reproduction se réduit. Une partie de la population niche encore trop tard pour exploiter convenablement le pic d’abondance des insectes et connaît, par conséquent, un déclin.
D’autres espèces encore, changent d’aire d’hivernage. Les oiseaux du Grand Nord migrent moins au sud et les migrateurs trans-continentaux hivernent plus au nord, allant même jusqu’à se sédentariser.
Ces trajets migratoires et cette dépense énergétique réduits offrent aux oiseaux une meilleure condition physiologique prénuptiale. En revanche, certains pays constatent une perte irremplaçable de leur patrimoine naturel. La France est ainsi délaissée par la Macreuse noire qui hiverne désormais plus au nord et par quatre espèces de canards (Fuligule milouinan, Eider à duvet, Macreuse brune et Garrot à oeil d’or) qui se regroupent autour de la mer du Nord et de la Baltique.
En raison d’hivers plus cléments, l’Oie cendrée hiverne aujourd’hui en Europe tempérée et notamment en France (plus de 15 700 individus en 2006) alors qu’elle était cantonnée auparavant en Europe du Sud. Mais, si elle hiverne de plus en plus dans le sud de la péninsule Scandinave, elle pourrait, elle aussi, quitter notre pays.
De même, la Cigogne blanche s’installe à présent, pour l’hiver, régulièrement sur notre territoire et sa population nicheuse croit de façon exponentielle (entre 1999 et 2006, la population hivernante a été multipliée par 4,5, passant de 130 à 600) mais jusqu’à quand ?
Au-delà de cette période d’hivernage, l’augmentation des températures provoque une remontée vers le nord et en altitude des espèces, avec un risque de disparition de certaines d’entre elles. D’autres sont menacées par la perturbation des chaînes alimentaires. En provoquant la remontée du plancton et de certains poissons vers le nord et les mers plus froides, le réchauffement de la mer du Nord de 1°C entraîne la diminution dramatique d’oiseaux marins qui ne peuvent plus nourrir leurs jeunes, faute de proies.
Certains milieux pourraient eux aussi disparaître et avec eux les espèces qu’ils abritent. Ainsi, la toundra, qui héberge des millions d’oies, de canards et de petits échassiers, est peu à peu remplacée par la forêt boréale (taïga).
Malgré quelques effets positifs, le réchauffement climatique continue à avoir un impact négatif sur l’avifaune et plus globalement sur la biodiversité dont il met l’avenir et la richesse en péril.
Allain Bougrain Dubourg
Président de la LPO
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