Une biodiversité exceptionnelle à sauvegarder d'urgence
Au carrefour de l'Eurasie et de l'Afrique, le Hotspot du bassin méditerranéen, qui s'étend sur 2 millions de kilomètres carrés et 34 pays, d'est en ouest, est l'une des régions les plus remarquables de la planète, de par sa grande diversité biologique et ses paysages spectaculaires.
Profil écosystémique
Le CEPF applique un processus dit d'élaboration de « profils d'écosystème » pour identifier et énoncer une stratégie claire d'investissement pour chaque région à financer. Chaque profil traduit une évaluation rapide des priorités écologiques et des causes fondamentales de la perte de biodiversité dans un Hotspot donné.
Le profil d'écosystème du bassin méditerranéen a été développé sur la base d'une large consultation des acteurs régionaux de la protection de la biodiversité, de décembre 2008 à juillet 2010, sous la direction de Doga Dernegi (partenaire BirdLife en Turquie). L'équipe en charge de l'élaboration du profil comptait 12 ONG, dont BirdLife International et ses partenaires régionaux, Conservation International, l'UICN, Plantlife International et la Tour du Valat. Leur collaboration a permis de développer ce profil et d'impliquer 80 autres organisations dans sa rédaction. L'investissement du CEPF dans ce profil a généreusement été complété par un appui technique et financier de la fondation Prince Albert II de Monaco et de la Fondation Mava pour la Nature.
Espèces endémiques
Troisième Hotspot mondial en termes de diversité floristique, il compte environ 30 000 espèces végétales dont 13 000 sont endémiques ou uniques, et de nouvelles espèces sont découvertes chaque année. Il recèle également plus de 330 espèces de mammifères, parmi lesquelles 87 sont des mammifères terrestres endémiques au Hotspot, les plus nombreux étant les rongeurs, les musaraignes, les taupes et les hérissons. Pour ce qui est de l'avifaune, on dénombre 600 espèces, dont 16 endémiques. De nombreux oiseaux migrateurs traversent le bassin méditerranéen, empruntant différentes voies migratoires entre l'Europe et l'Afrique. On distingue 357 espèces de reptiles (dont deux espèces de tortues), parmi lesquelles 170 sont endémiques. Le bassin méditerranéen abrite également 115 espèces d'amphibiens dont 71 sont endémiques. Enfin, les poissons d'eau douce de la région, qui proviennent des riches faunes eurasiennes et africaines, représentent 400 espèces dont 253 sont endémiques.
Développement
En raison notamment de l'intensification du tourisme balnéaire, de la croissance démographique, mais aussi de la dégradation, de la perte d'habitats pour l'agriculture, de la pauvreté, du manque de moyens et des conditions climatiques particulières, de nombreuses menaces, immédiates ou à long terme, persistent dans la région, mettant à rude épreuve des ressources déjà limitées en eau, en terres, et en énergie. L'investissement du CEPF dans ce Hotspot. est donc essentiel. Son but est de travailler avec le plus d'acteurs possibles dans le processus de conservation et de développement dans les pays du bassin méditerranéen, afin de favoriser les partenariats dans les sites prioritaires. Ces partenariats tendent à réduire l'impact humain sur les ressources naturelles sur lesquelles une large partie des habitants du Hotspot dépendent.
Zones d'investissement du CEPF
Aujourd'hui cet investissement se concentre sur 6 corridors écologiques de conservation de la biodiversité, comprenant 58 zones-clés pour la biodiversité parmi les plus prioritaires de la région. Certains de ces sites abritent les derniers littoraux vierges du bassin méditerranéen.
Ces 6 corridors sont :
- Sud-Ouest des Balkans
- Montagnes, plateaux et zones humides du Tell algérien et de Tunisie
- Monts de l'Atlas
- Monts Taurus
- Péninsule de Cyrénaïque
- Vallée de l'Oronte et Monts du Liban
44 autres zones clés pour la biodiversité, sites très vulnérables et irremplaçables au sein de cinq autres corridors, font l'objet d'investissements ciblés. Au total 15 pays sont éligibles aux financements du CEPF.
La période d'investissement du CEPF a débuté en janvier 2011 pour se terminer en décembre 2016.
Rôle de la LPO
Dans l'équipe de mise en œuvre régionale, la LPO est notamment en charge de :
- Gérer les investissements dans les pays d'Afrique du Nord
- Assurer le suivi des projets
- Permettre des contacts directs avec la société civile
- Faciliter la mise en réseau de partenariat
- Promouvoir l'action du CEPF en Afrique du Nord
- Assurer les relations avec la presse et les médias
- Traduire en français des documents issus de cette équipe
Exemples d'actions
Biosfera en action au Cap-Vert
Sur l'ile Santa Lucia plusieurs actions sont menées par l'ONG Biosfera pour lutter, entre autres, contre le développement des populations de chats sauvages de souris et de rats qui menacent plusieurs espèces d'oiseaux de mer en voie de disparition comme L'Alouette de Razo (Alauda razae) et la plus importante colonie de Puffin du Cap-Vert (Calonectris Edwards). Les actions de Biosfera visent aussi à restaurer l'habitat de ces oiseaux marins ou contrôler la nidification des tortues marines (Caretta caretta).
Plantes aromatiques et médicinales au Maroc
Les populations limitrophes du Parc national de Toubkal gagnent leur vie par la collecte des plantes aromatiques et médicinales. Mais l'intense exploitation du site a, peu à peu, entraîné la raréfaction de certaines plantes. Pour améliorer les ressources économiques des populations limitrophes et diminuer la pression sur la flore sauvage, le CEPF finance un projet au profit de l'association Global Diversity Foundation, en partenariat avec High Atlas Foundation sur la mise en place de serres pour la production de plants et d'arbres fruitiers.